La législation du portage salarial: tout ce qu’il faut savoir

Le portage salarial est un dispositif juridique qui permet à des professionnels indépendants d’exercer leur activité en bénéficiant du statut de salarié, avec toutes les garanties et protections sociales que cela implique. Cependant, la législation encadrant ce dispositif peut être complexe à appréhender. Dans cet article, nous vous proposons un éclairage complet sur la législation du portage salarial et ses implications pour les travailleurs concernés.

Historique et cadre juridique du portage salarial

Le portage salarial a été créé en France dans les années 1980, mais c’est véritablement au début des années 2000 que le dispositif a pris de l’ampleur. La loi n° 2008-596 du 25 juin 2008 relative à la modernisation du marché du travail a été la première à reconnaître le portage salarial comme une forme particulière d’exercice professionnel. Depuis lors, plusieurs textes législatifs et réglementaires ont contribué à définir et encadrer cette pratique.

En particulier, la loi n° 2015-994 du 17 août 2015 relative au dialogue social et à l’emploi (dite « loi Rebsamen ») a apporté des précisions importantes sur le fonctionnement du portage salarial, notamment sur les conditions d’accès et les droits sociaux des travailleurs concernés. Enfin, l’ordonnance n° 2015-380 du 2 avril 2015 et le décret n° 2017-774 du 3 mai 2017 ont complété ce dispositif en précisant les modalités de mise en œuvre du portage salarial et les obligations des entreprises de portage.

Les acteurs du portage salarial

Le portage salarial met en relation trois acteurs principaux : le salarié porté, l’entreprise cliente et l’entreprise de portage salarial. Le salarié porté est un professionnel indépendant qui souhaite exercer son activité sans créer sa propre structure juridique. Il signe un contrat de travail avec une entreprise de portage salarial, qui devient son employeur. L’entreprise cliente, quant à elle, fait appel aux services du salarié porté dans le cadre d’une prestation de service.

L’entreprise de portage salarial a pour mission de gérer l’ensemble des aspects administratifs, sociaux et fiscaux liés à l’activité du salarié porté. Elle facture l’entreprise cliente pour la prestation réalisée par le salarié porté, puis reverse une partie du montant perçu sous forme de salaire au salarié porté, après déduction des charges sociales et des frais de gestion.

Les conditions d’accès au portage salarial

Pour être éligible au dispositif du portage salarial, il faut remplir plusieurs conditions :

  • Exercer une activité professionnelle indépendante, c’est-à-dire ne pas être lié par un contrat de travail à un employeur unique et exclusif.
  • Disposer d’une expertise, d’une qualification ou d’un savoir-faire reconnu dans son domaine d’activité.
  • Avoir une autonomie dans l’organisation de son travail et la réalisation de ses missions.
  • Être en mesure de justifier d’un niveau de rémunération minimal, fixé par décret, qui correspond actuellement à 70% du plafond annuel de la Sécurité sociale (soit environ 2 900 € brut mensuels).

Il est important de noter que le portage salarial n’est pas accessible aux professions réglementées (avocats, architectes, médecins, etc.) ni aux activités relevant du commerce et de l’artisanat.

Les droits sociaux des salariés portés

En tant que salarié porté, vous bénéficiez des mêmes droits sociaux que les autres salariés :

  • Couverture sociale : vous êtes affilié au régime général de la Sécurité sociale et cotisez pour l’assurance maladie-maternité, l’assurance vieillesse, l’assurance chômage et les régimes complémentaires de retraite et de prévoyance.
  • Congés payés : vous avez droit à 2,5 jours ouvrables de congés payés par mois travaillé (soit 30 jours par an).
  • Indemnités journalières en cas d’arrêt maladie : vous pouvez percevoir des indemnités journalières de la Sécurité sociale en cas d’incapacité de travail due à une maladie, un accident ou une maternité.
  • Formation professionnelle : vous pouvez bénéficier d’un compte personnel de formation (CPF) pour financer des actions de formation, des bilans de compétences ou des validations des acquis de l’expérience (VAE).

Cependant, certaines spécificités du portage salarial peuvent impacter votre rémunération et vos droits sociaux. Par exemple, le montant de votre salaire dépendra du chiffre d’affaires généré par votre activité et pourra donc varier d’un mois à l’autre. De même, la durée de votre contrat de travail peut être limitée dans le temps, ce qui peut affecter vos droits à l’indemnisation chômage.

Les obligations des entreprises de portage salarial

Pour être autorisées à exercer leur activité, les entreprises de portage salarial doivent respecter un certain nombre d’obligations légales :

  • Disposer d’une garantie financière : cette garantie doit être suffisante pour couvrir les sommes dues aux salariés portés en cas de défaillance financière de l’entreprise.
  • Informer les salariés portés sur leurs droits et obligations : elles doivent notamment leur remettre un livret d’accueil et les informer sur les spécificités du statut de salarié porté.
  • Fournir un contrat de travail écrit : ce contrat doit préciser les conditions d’exercice de l’activité, la rémunération et les modalités de calcul des frais professionnels.
  • Établir un compte d’activité pour chaque salarié porté : ce compte doit permettre de suivre l’évolution du chiffre d’affaires généré par le salarié porté, les charges sociales et fiscales, ainsi que les frais de gestion prélevés par l’entreprise de portage.

En conclusion, le portage salarial est un dispositif qui offre une alternative intéressante aux professionnels indépendants souhaitant bénéficier du statut de salarié tout en conservant leur autonomie. Il convient cependant de bien se renseigner sur la législation en vigueur et de choisir une entreprise de portage sérieuse et respectueuse des obligations légales pour profiter pleinement des avantages offerts par ce statut.